« J’aspire à la gestion, mais j’ai peur de travailler tout le temps »

Temps de lecture: 7 min.

Plus ta carrière avance, plus tu as envie d’avoir des responsabilités de gestion. L’idée d’amener une équipe à réussir t’enthousiasme tellement! En même temps, tu as peur de perdre ton précieux équilibre à cause de la charge de travail qui vient avec un poste de gestionnaire.

Après tout, tu ne vis pas pour travailler. Tu travailles pour vivre! Il y a tellement de choses qui sont importantes pour toi en-dehors du travail:

  • passer du temps de qualité avec tes proches;
  • prendre soin de ta santé;
  • consacrer du temps à tes passe-temps préférés et à tes projets.

Tu ne voudrais surtout pas que la gestion t’éloigne de tout ça. Bien sûr, tu n’as aucun problème à travailler un peu plus quand il y a des urgences, des imprévus ou une période particulièrement chargée. Mais tu as la conviction que de façon générale, ton travail ne devrait pas prendre le dessus sur ta vie personnelle.

Tu te reconnais là-dedans? Perdre son équilibre et se retrouver surchargé est l’une des peurs les plus fréquentes chez les aspirants leaders que j’accompagne. Mais cette crainte est-elle vraiment fondée?

 

Les leaders sont-ils vraiment surchargés?

C’est vrai que la plupart des gestionnaires travaillent plus que leurs employés. Selon Statistique Canada, en 2021, les employés québécois ont travaillé en moyenne 35.1 heures par semaine. Les gestionnaires, eux, ont travaillé 40.4 heures. C’est cinq heures de plus, mais c’est quand même 40 heures au total, ce qui est loin du cauchemar que certains s’imaginent.

Toujours selon Statistique Canada, les québécois travaillent de moins en moins. En 1987, les employés travaillaient deux heures par semaine de plus qu’aujourd’hui. Et la moyenne pour les leaders québécois était plutôt à 46 heures, ce qui représente plus de six heures de différence versus 2021.

Évidemment, il y a des exceptions. On connaît tous des gestionnaires qui ont de la difficulté à gérer leur stress et se retrouvent malheureusement avec des problèmes de santé mentale. Plusieurs travaillent des heures de fou: 50, 60, voire 70 heures par semaine. Mais visiblement, ce n’est pas le cas de la majorité.

Qui a dit qu’il fallait travailler comme un fou pour être un bon leader? Je t’offre cinq stratégies pour préserver ton équilibre comme gestionnaire.

 

Un: Développe un mindset essentialiste

C’est Greg McKeown qui a développé le concept d’essentialisme, et depuis que j’ai découvert ça, j’en parle à presque tous les leaders que j’accompagne en coaching… parce qu’ils en ont tellement besoin!

L’essentialisme, ce n’est pas d’accomplir plus de tâches en moins de temps. Ce n’est pas non plus de faire moins de choses et de ralentir. C’est de consacrer ton temps seulement à ce qui est absolument essentiel. Faire moins, mais mieux, pour offrir la plus grande contribution possible à ce qui compte vraiment.

Ça implique de te poser régulièrement cette question toute simple: Qu’est-ce qui est réellement important?

Ensuite, tu passes tous tes projets, toutes tes tâches, toutes les demandes que tu reçois par ce filtre. Est-ce que c’est quelque chose d’absolument essentiel pour ta carrière, pour ton organisation?

Après avoir fait cet exercice, l’un des leaders que j’accompagnais a récupéré 12 heures chaque semaine. Il passait une quantité folle de son temps sur des choses sans importance, qui n’apportait aucune valeur:

  • envoyer des résumés et des pages entières de notes et de comptes-rendus, alors que personne ne le demandait;
  • monter des présentations de zéro, alors qu’il pouvait facilement copier-coller des pages de documents déjà existants;
  • participer à de nombreux comités, qui l’avaient aidé à établir son réseau au départ mais qui ne le servaient plus aujourd’hui.

Il a aussi mis la hache dans deux projets assez énergivores, mais pas absolument essentiels pour atteindre les objectifs qui lui avaient été fixés.

Ce leader a réalisé qu’il ne se questionnait pas assez sur les activités qui ont vraiment de la valeur ajoutée. Il se lançait tête baissée dans toutes les opportunités qu’on lui offrait, car il aimait être dans l’action et se sentir concrètement utile. Sa vie a complètement changé quand il a réussi à retrouver son sentiment d’utilité à travers des tâches de gestion, et non des tâches d’exécutant qui ne correspondaient pas à son rôle de leader.

Si tu es en quête de plus d’essentialisme, la bonne vieille loi de Pareto est une alliée précieuse pour toi. Rappelle-toi que 20% de tes tâches et celles de ton équipe génèrent 80% de la valeur apportée. En te concentrant sur celles-ci et en répétant ce qui fonctionne le mieux, tu peux accomplir beaucoup plus et décupler l’impact de ton équipe.

 

Deux: Apprend à lâcher prise

Je connais beaucoup de leaders qui se surchargent eux-mêmes en prenant tout sur leurs épaules. Ils ont peur de déranger leurs employés, de leur mettre trop de pression. En plus, c’est parfois plus long de leur expliquer quoi faire que de le faire eux-mêmes… et ça risque d’être moins bien fait.

Sauf que… Déléguer, ça ne vise pas à être plus rapide ou à faire la tâche le mieux possible. C’est d’amener ton équipe à développer de nouvelles compétences, à gagner en autonomie et à montrer à tes collaborateurs que tu leur fais confiance. Et de te libérer du temps pour tes tâches de gestion.

 

Ce n’est pas parce que tu es le leader que tu es responsable de tout.

 

La pression, ça se partage en équipe. Si tu as l’impression que ton équipe est trop débordée pour prendre en charge plus de choses, peut-être que tu devrais injecter plus d’essentialisme dans ton leadership:

  • élimine les tâches superflues;
  • reporte certains projets s’ils ne sont pas vraiment essentiels;
  • reviens à la mission de base de ton équipe et aide tes employés à prioriser.

Quand tu deviens gestionnaire, tu dois changer la façon dont tu mesures ton succès. Comme leader, ton travail n’est plus de faire des choses concrètes et d’obtenir des résultats tangibles, mais bien d’aider les autres à y parvenir. C’est plus abstrait. Et c’est tentant de te sortir de ta posture de gestionnaire et de te placer dans une position d’exécutant, question de te sentir utile pour ton organisation.

Tu dois plutôt devenir un aigle qui vole au-dessus de la mêlée et qui a la vision d’ensemble, pour ensuite intervenir là où il y a le plus de valeur ajoutée. Tu ne peux pas prendre cette posture si tu as constamment les deux mains dans les tâches, comme tes employés. Ça demande du recul, et la délégation et le lâcher-prise te permettent d’obtenir ce recul.

 

Trois: Affirme-toi

Une autre cause du déséquilibre chez les leaders que je vois souvent, c’est la difficulté à dire non à ses supérieurs. Ça vient souvent d’une croyance très bien ancrée qu’être un bon subordonné, c’est de toujours faire ce qu’on nous demande.

Comme leader, ton rôle n’est pas de dire oui à tout ce qu’on te demande. C’est distinguer le bruit de l’essentiel, puis d’aligner férocement le travail de ton équipe à ce qui compte vraiment pour atteindre les objectifs.

Comme leader, c’est ta responsabilité de t’assurer que ton équipe ait les moyens de ses ambitions. Si on fixe des objectifs élevés et que tu n’as pas les ressources pour les atteindre, ton équipe et toi vous retrouverez automatiquement en position d’échec. Si on vous en demande plus, il te faut trouver des solutions:

  • reprioriser, quitte à repousser les échéanciers ou questionner la pertinence de certains projets;
  • revoir les façons de faire, automatiser certaines tâches, optimiser les processus;
  • ajouter des employés;
  • etcetera.

Les demandes de tes supérieurs peuvent être explorées, questionnées et recadrées de façon collaborative. C’est ton devoir de le faire, et de mettre ton patron à contribution pour voir comment on peut réaliser ce qu’il faut faire sans surcharger toutes les parties impliquées.

Quatre: Déconnecte complètement

Te souviens-tu quand tu faisais des travaux longs à l’école? Si tu étais comme moi, après avoir travaillé dessus quelques temps, tu ne voyais plus clair. Les fautes d’orthographe devenaient invisibles, tes idées se mélangeaient et tu devais prendre une pause de ton texte pendant quelques heures ou quelques jours avant d’y retourner.

La job, c’est la même chose. Si tu travailles constamment, tu finis par ne plus rien voir. Oui, tu travailles beaucoup d’heures, mais pas avec la même capacité de recul et la qualité de ton travail en souffre. Voici quelques statistiques qui le démontrent:

C’est fou! Plus tu prends de vacances, plus tu as de chances de devenir gestionnaire. C’est complètement contre-intuitif, car la plupart des gens croient que ceux qui sont promus sont ceux qui mettent le plus d’heures dans leur travail. Mais non: ce sont ceux qui prennent le temps de déconnecter et de prendre soin d’eux.

C’est simple: quand tu es 100% reposé, tu vois clairement ce qui doit être fait pour apporter de la valeur. Tu as l’énergie nécessaire pour performer à la hauteur de ton potentiel. Les autres le voient et ont envie de te suivre!

Avant de devenir gestionnaire, tu dois devenir le leader de ta propre vie.

Tu es le premier responsable de ton bien-être. C’est important que tu te donnes des stratégies efficaces pour recharger tes batteries afin de préserver ta productivité. Dans cet article de mes amis chez Humance, j’ai appris que de t’accorder chaque jour des « micro-vacances » de 30 minutes en solo favorise la créativité et l’intelligence émotionnelle, deux composantes importantes pour la performance d’un leader. Vive la déconnexion totale!

 

Cinq: Trouve une organisation qui partage tes valeurs

Tu as beau développer de super stratégies personnelles pour gérer ta charge de travail, ça ne te mènera nulle part si tu évolues dans un environnement qui valorise le déséquilibre et la surcharge.

Il y a des organisations qui vénèrent les gestionnaires qui travaillent 60 heures par semaine, qui micromanagent leurs employés et qui s’impliquent dans chaque petit détail. Mais ce n’est pas comme ça partout.

Trouve un écosystème qui partage tes valeurs d’équilibre et de bien-être au travail.

Quand tu incarnes ces valeurs, tu donnes le ton à ton équipe. Tu deviens un bon modèle pour tes collègues leaders, et ça enlève de la pression sur tes employés, qui réalisent que tu ne t’attends pas à ce qu’ils soient toujours disponibles. Ils deviennent eux aussi plus productifs et plus heureux.

Bref, les gestionnaires surchargés, ça existe, et c’est normal que ça t’inquiète, car le piège est réel. Mais souvent… ces leaders travaillent trop parce que:

  • ils ne mettent pas leur énergie sur ce qui compte vraiment;
  • ils ne délèguent pas assez;
  • ils ont de la difficulté à dire non;
  • ils n’ont pas pris l’habitude de déconnecter du travail et de faire des activités énergisantes;
  • ils travaillent pour une organisation qui les encourage à travailler trop, sans égard à leur productivité et leur bien-être.

 

Mais toi, tu peux faire des choix différents, travailler sur toi et prendre un poste en gestion dans une organisation qui priorisera autant ton bien-être que tu le fais.

Ta valeur comme leader ne dépend pas du nombre d’heures que tu travailles.

Voici de meilleurs indicateurs:

  • Concentrer tes efforts et ceux de ton équipe sur ce qui aide vraiment ton organisation à remplir sa mission;
  • Protéger férocement ton bien-être, pour ensuite être plus disponible et à l’écoute de tes employés et collègues;
  • Déléguer malgré ton inconfort, pour permettre à ton équipe de se développer et d’utiliser au maximum leurs talents;
  • Dire non avec audace, pour rester aligné sur les projets et tâches qui font une réelle différence.

Ne laisse surtout pas ta peur d’être surchargé t’empêcher de devenir gestionnaire! J’ai la conviction que les leaders peuvent viser l’excellence tout en préservant leur précieux équilibre. Si tu appliques mes conseils, je sais que tu peux à la fois devenir gestionnaire et protéger ton bien-être.

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    Myriam Plamondon, M.Sc., M.A., c.o.o.

    Fondatrice de Talent Fou

     

    Je suis consultante en psychologie organisationnelle et coach de leadership.

    J’ai fondé Talent Fou pour aider les aspirants leaders à faire une réelle différence dans leur organisation et pour leurs collègues. Je suis déterminée à t’offrir toujours plus de stratégies concrètes et efficaces pour développer ton leadership et te tailler une place dans le monde de la gestion.

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