As-tu, dans ton entourage, une personne qui devrait clairement devenir gestionnaire… mais qui ne le voit pas?
Ce sont souvent les personnes qui ont peur de devenir gestionnaires qui sont les plus talentueuses en matière de leadership. Le simple fait qu’elles se préoccupent de leurs compétences montre qu’elles seront prêtes à investir des efforts pour les développer. Elles ont aussi clairement un souci d’avoir un impact positif sur leurs collaborateurs et leur organisation.
J’ai tellement, tellement accompagné de personnes qui se demandaient si elles devaient devenir gestionnaires. Peut-être que c’est ton cas: une partie de toi a envie d’explorer la gestion d’équipe, mais tu es paralysé par le doute.
Explorons les différentes craintes associées au leadership – et comment les vaincre.
1. La peur d’être surchargé
L’équilibre entre la vie personnelle et le travail est une valeur que partage la plupart des êtres humains – y compris les leaders. Peut-être que tu crains que devenir leader va te surcharger de travail, et que tu vas te retrouver stressé, avec une moins bonne qualité de vie. Et c’est vrai que c’est facile de se laisser submerger par l’ampleur de la tâche.
Par contre, je connais aussi beaucoup de nouveaux leaders qui ont réussi à aménager leur temps de travail et à travailler le même nombre d’heures qu’avant leur transition. Cela nécessite plusieurs habiletés :
- être capable de bien estimer le temps requis pour chaque tâche;
- déléguer;
- prioriser;
- lâcher prise sur les détails moins importants;
- apprendre à dire non aux réunions pour lesquelles tu n’as pas vraiment de valeur ajoutée;
- etc.
Toutes ces habiletés se développent. Par exemple, tu pourrais faire appel à un coach de leadership, ou t’inscrire à ma formation en ligne gratuite pour développer les facettes visibles de ton leadership.
Lorsque je renvoie les aspirants leaders au gestionnaire souhaitant les embaucher pour tester leurs peurs, ils réalisent souvent que les attentes ne sont pas nécessairement plus grandes en termes de charge de travail et de nombre d’heures.
Évidemment, il y a des différences entre les organisations: certaines valorisent énormément les gestionnaires qui travaillent en-dehors des heures normales. Certains patrons y voient un signe de plus grand investissement.
Il t’appartient de choisir une organisation et un patron qui respectent tes valeurs et ce qui est important pour toi.
Si ta crainte est de te retrouver surchargé de travail, qu’on s’attende à ce que tu sois toujours disponible et à ce que ce soit mal perçu si tu prends ton vendredi soir de congé, tu dois peut-être changer d’entreprise et non pas renoncer au leadership.
2. La peur de ne pas aimer ça
Tu peux aussi craindre de ne pas être motivé dans un rôle de gestion. Ce n’est pas tout le monde qui apprécie les tâches associées au leadership.
C’est souvent le cas des personnes qui sont introverties ou timides. J’en ai parlé dans mon article sur les leaders introvertis: ils craignent de ne pas apprécier ce type de tâches – alors qu’après coup, ils rapportent vivre autant d’émotions positives que les extravertis en situation de leadership.
Les personnes plus centrées sur la tâche, qui aiment être efficaces et atteindre des objectifs seules ont parfois l’impression que la gestion des ressources humaines est une perte de temps. Ils se sentent ralentis.
Il y a aussi les personnes qui détestent le travail administratif et qui craignent de devoir passer tout leur temps dans un bureau à remplir des formulaires et à suivre des indicateurs.
Il est vrai que certains postes en gestion sont très administratifs. Si ces tâches te démotivent, tu pourrais être très heureux comme leader au sein d’autres types d’organisation, qui valorisent davantage le contact humain et l’accompagnement des personnes.
Aujourd’hui, la plupart des organisations valorisent de passer au moins 80% de ton temps en contact direct avec tes équipes, et un maximum de 20% dans ton bureau.
En d’autres mots, ce qui t’éteint, ce n’est pas nécessairement d’être leader, mais plutôt d’être leader au sein d’une organisation qui valorise un type de leadership différent de ce que tu souhaites. C’est une nuance importante à considérer dans ta réflexion.
3. La peur de décevoir
Être leader implique souvent d’être sous les feux des projecteurs, que tu le veuilles ou non:
- Tu auras probablement à prendre la parole dans des réunions;
- Tes employés vont parler de toi entre eux et à d’autres collègues;
- La haute direction aura possiblement plus de visibilité sur tes projets et ta compétence.
- Etc.
Tout cela peut être stressant, car ça t’expose à la critique. Ceux qui aiment plaire aux autres, ou qui croient que leur succès dépend de la façon dont ils sont perçus par les autres, sont particulièrement sensibles à cette peur.
Pour vaincre cette peur, je t’invite à l’approcher comme si tu combattais une phobie des araignées. La méthode la plus efficace selon la science pour traiter la phobie des araignées est de s’y exposer.
D’abord, la personne va seulement penser à une araignée. Puis, elle va regarder des photos d’araignées de plus en plus grosses et repoussantes. Puis, elle ira observer des araignées dans une animalerie, bien à l’abri de l’autre côté du terrarium. Elle s’approchera de plus en plus de celles-ci. C’est seulement après avoir fait tout ça que la personne va graduellement toucher à des araignées.
Être un leader, c’est d’abord et avant tout s’engager dans un processus de développement continu de ta personne entière.
Concrètement, pour vaincre ta phobie de la critique et apprendre en continu, tu dois volontairement t’y exposer. La meilleure façon de le faire est de solliciter un maximum de feedback et d’identifier, parmi les critiques reçues, les occasions pour toi d’apprendre et de te développer.
En sollicitant régulièrement du feedback, ton cerveau va s’y habituer et n’y verra plus une menace. Au contraire, tu réaliseras probablement à quel point les critiques propulsent ta performance lorsque tu adoptes une attitude constructive envers celles-ci.
Lorsque tu es plongé dans ta peur de décevoir, tu ne mets pas l’accent sur tes bons coups. Il est aussi utile de te concentrer sur les compliments que tu reçois et sur le feedback positif que tu peux te donner à toi-même.
4. La peur d’échouer
À première vue, cette peur peut ressembler à la précédente (la peur de décevoir). Alors que la peur de décevoir implique les autres, la peur d’échouer implique plutôt de te décevoir toi-même – et de te sentir incompétent.
Il y a quelque chose de très normal dans cette crainte: le leadership est une expérience nouvelle et il y a beaucoup à apprendre:
- Comment amener une équipe à atteindre des objectifs?
- Comment motiver tes collaborateurs?
- Que dois-tu faire si ton entreprise te demande de partager une décision qui va déplaire à ton équipe?
- Et si un de tes employés a des problèmes personnels qui affectent sa performance? Quelle est LA meilleure façon de gérer cette situation?
Je m’arrête ici, mais j’aurais pu t’écrire une centaine d’exemples sans difficultés. C’est normal de te demander si tu seras capable d’absorber toutes ces nouvelles situations et de réagir au mieux.
Les personnes qui font l’expérience du phénomène de l’imposteur sont plus fragiles à cette peur. Dans ces situations, elles ont tendance à ignorer leurs talents et à attribuer leur succès à des facteurs extérieurs (la chance, leurs relations professionnelles, un contexte particulier).
Si tu souffres du syndrome de l’imposteur, tu te demandes probablement si tu as vraiment ce qu’il faut pour devenir un leader compétent. Puisque ce que tu as accompli jusqu’à maintenant n’est pas dû à ton mérite, pourquoi serais-tu qualifié pour devenir leader maintenant?
Les personnes allergiques à l’incertitude sont aussi sensibles à cette crainte. Car personne ne peut vraiment savoir si tu vas réussir dans ton premier poste en gestion. Et personne ne peut te dire LA meilleure méthode pour gérer une situation X: il y a trop de variables qui influencent ça.
En gestion, il n’y a pas de recette magique. Il faut l’accepter. Par contre, il y a des bonnes pratiques en gestion que tu peux connaitre et maîtriser. Il y a des modèles mentaux, des concepts qui peuvent te guider pour prendre de meilleures décisions.
Donc, qu’est-ce que ça prend réellement pour performer en gestion? En fait, je suggère dans cet article qu’il faut seulement deux ingrédients clés pour devenir un bon leader. Et la bonne nouvelle, c’est que ces deux choses se développent très bien avec l’aide d’un professionnel ou en suivant ma formation en ligne gratuite.
5. La peur de faire la discipline
Plusieurs aspirants leaders craignent le jour où ils auront à gérer un employé difficile, à dire à un collaborateur qu’il n’est pas suffisamment performant ou à se mêler d’un conflit entre deux personnes.
Ce jour arrivera, éventuellement. Tous les leaders font face à des situations qui nécessitent d’être adressées plus directement. Mais tu crains peut-être d’ajouter de l’huile sur le feu plutôt que de calmer le jeu. Tu as peur d’être maladroit et blessant. Tu redoutes de démobiliser ton équipe.
L’ennui, c’est que faire comme si ces situations n’existaient pas peut aussi être démotivant. Y a-t-il quelque chose de pire pour un employé hautement performant et qui a une attitude hyper constructive que de constater que les manquements des autres ne sont pas adressés?
C’est aussi fortement désagréable pour toute l’équipe lorsque des employés sont en conflit et que la situation ne se règle pas. Comme leader, tu vas devoir intervenir — et c’est ce qui te fait peur. Heureusement, ça s’apprend. Je le sais, parce que j’ai accompagné des dizaines de leaders absolument terrifiés de devoir confronter un employé ou un collègue. Je les ai vus passer de la terreur à un sentiment de maîtrise et de compétence.
Je sais que c’est possible. C’est un peu comme la phobie des araignées: on découvre le potentiel de ces interventions difficiles une fois que l’on s’y expose. Pour y parvenir, il te faut développer d’autres habiletés:
- intervenir systématiquement avec bienveillance, dans un but constructif;
- avoir un coffre à outils pour être diplomate et direct (oui, tu peux être les deux en même temps);
- gérer le stress associé à la confrontation et aux conversations difficiles;
- etc.
Certains de ces outils peuvent être développés à l’avance, ce qui te permettra de te rassurer quant à ta capacité de gérer la confrontation. D’autres seront développés principalement dans l’action.
Plusieurs aspirants leaders paralysés par la peur pensent qu’ils doivent attendre de se sentir confortable face à la discipline et à la confrontation avant de devenir gestionnaire. Mais ça fonctionne à l’envers: tu vas devoir te lancer et vivre des situations confrontantes pour ensuite devenir pleinement habile et confortable dans ces contextes.
[BONUS] 6. La peur de passer de collègue à patron
C’est peut-être la crainte la plus fréquente pour ceux qui souhaitent diriger leur équipe actuelle. Comment faire la transition et préserver tes relations avec tes collègues?
Peut-être qu’un de tes collègues convoite le même poste que toi, et tu te demandes bien ce qui arrivera de votre bonne entente si tu obtiens le poste et pas lui. Ou encore, tu sais qu’un collègue a plus de difficultés dans son travail. Étant gestionnaire, ta relation avec lui va changer, car tu auras des choses à adresser avec lui pour qu’il performe davantage.
Il est vrai qu’il te faudra endosser les décisions corporatives, même si au fond de toi, tu t’y opposes autant que tes collègues. Tu ne pourras pas non plus critiquer un collègue auprès d’un autre; tu vas devoir te garder une réserve.
Ton nouveau rôle va changer profondément les relations que tu vas entretenir avec tes collaborateurs.
C’est un choix à faire. C’est un deuil à faire. La clé pour vaincre cette peur, c’est de cesser de voir le leader comme étant « supérieur » à ses employés. Comme collègue, tu agis d’égal à égal; comme leader, tu peux continuer d’agir de la même façon, même si tu occupes un rôle différent.
Par ailleurs, tu pourras investir du temps au début pour rencontrer tes anciens collègues / nouveaux employés. Tu vas voir comment ils perçoivent ton nouveau rôle et les impacts sur votre relation. Tu pourras ensuite établir un mode de fonctionnement productif et agréable pour tous.
Vaincre ses peurs s’apprend
Les peurs ont un super pouvoir: nous leur accordons beaucoup de crédibilité. On les laisse souvent gérer nos actions. Elles nous paralysent. Pourtant, tes peurs sont de simples pensées et de simples émotions. Elles ne sont pas la réalité.
La seule façon de vérifier si tes peurs sont fondées, c’est de passer à l’action et de les tester.
Commence par identifier ce qui te bloque réellement d’entreprendre des démarches pour devenir gestionnaire. S’agit-il d’une des peurs identifiées ici? D’une autre?
Puis, identifie les habiletés que tu auras besoin de développer pour y faire face. Quand tu sentiras que ton coffre à outils est suffisamment garni, expose-toi graduellement à ce qui te fait peur. Enfin, réévalue tes croyances. Jette aux poubelles les croyances que tes peurs t’imposaient, et développes-en d’autres plus utiles et plus valides pour toi.
Reprends le contrôle de tes peurs en te mettant en action et en continuant d’avancer.